"Au nom de Dieu, le clément, le miséricordieux,
Monsieur le Président des Etats-Unis d’Amérique,
Excellences, mesdames et messieurs,
Pour ma première visite d’Etat en Amérique, au cœur de la Maison-Blanche, mes premières pensées vont à mon père, ce grand Roi qui a constamment œuvré pour le renforcement de l’amitié séculaire maroco-américaine. Je garderai toujours en mémoire, avec émotion et gratitude, le fait que vous aviez tenu, accompagné de votre épouse Hillary Clinton et de votre fille Chelsea, à conduire le Roi défunt, en sa dernière demeure.
Le peuple marocain, qui partage mes sentiments, vous en sait gré et par ma voix vous transmet ses vœux affectueux de bonheur et de protection divine pour vous et votre famille.
Monsieur le Président,
Les relations plus que biséculaires que cultivent sans relâche nos deux pays sont privilégiées et exemplaires. Unis par l’un des plus anciens traités de paix et d’amitié dans le monde, toujours en vigueur depuis sa signature par le Roi Mohammed III et le Président George Washington, nos deux pays ont constamment lutté pour la liberté et le triomphe des grandes valeurs de l’humanité.
Nous avons toujours eu à cœur que s’instaure la démocratie, que prévalent les droits de l’Homme, que cesse la précarité et que règne la justice, partout et pour tous.
Conscients de la nécessité d’établir entre nous un climat propice à l’avènement d’un partenariat stratégique, dans sa dimension africaine, dans sa profondeur moyen-orientale, dans son espace méditerranéen et dans son prolongement européen et désirant ardemment hisser nos relations économiques au niveau de notre dialogue politique, nous nous devons d’agir avec détermination pour façonner un nouveau cadre de coopération, en adéquation avec les vastes et profondes mutations géopolitiques, en phase avec les grandes percées technologiques et en symbiose avec les nouveaux rapports économiques.
C’est dans cet esprit, que le Maroc a entrepris d’introduire toutes les réformes institutionnelles nécessaires au développement accéléré de son économie, tout en assurant aux investisseurs étrangers les meilleures garanties de sécurité et de profit. Notre espace économique est ainsi devenu plus attractif sur la base des normes internationales de transparence et de probité qui caractérisent la bonne gouvernance et les attributs de l’Etat de droit.
D’autre part, certains que l’intégration régionale participe de la mondialisation dont elle est un apprentissage en même temps qu’une étape nécessaire, nous avons fait de l’Union du Maghreb arabe un objectif stratégique et nous sommes résolus à travailler avec tous les pays de la région dans un climat de respect mutuel et de coopération avantageuse pour le bien-être de nos peuples, la stabilité et la prospérité de la région.
Monsieur le Président,
Deux événements récents ont souligné la remarquable convergence d’intérêts pour le continent africain: le Sommet euro-africain du Caire et le Sommet national sur l’Afrique qui s’est réuni à Washington en février dernier et qui sont tous deux le prélude à une coopération renforcée entre les Etats-Unis, l’Union européenne et l’Afrique.
Agir à l’égard de l’Afrique de manière solidaire est aujourd’hui une nécessité impérieuse, car les maux, difficilement supportables, dont souffrent de nombreux pays africains nous font l’obligation de redresser ce continent sinistré vers les chemins de la paix et du progrès.
Dans cet ordre d’idées, l’accès limité aux marchés commerciaux et financiers, tout autant que la dette accumulée par les pays en développement, constituent des obstacles de taille pour une mise à niveau de leurs économies. Nous sommes en conséquence convaincus qu’il est aujourd’hui plus que jamais indispensable de repenser l’architecture de Bretton Woods et de résoudre au moyen de formules imaginatives le lancinant problème du financement du développement.
Monsieur le Président,
Votre action déterminante et votre mobilisation constante pour la réalisation d’une paix juste et durable au Moyen-Orient seront, j’en suis convaincu, inscrites en lettres d’or dans le livre de l’Histoire.
Vous conviendrez avec moi que parler de la recherche de la paix au Moyen-Orient, c’est souligner les efforts inlassables que mon regretté père, feu Sa Majesté Hassan II, n’a cessé de déployer et le rôle de pionnier qu’il n’a cessé de jouer pour jeter les ponts de la compréhension entre les fils d’Abraham.
Mais c’est aussi faire état de son inquiétude de voir cette paix rester cernée de dangers, tant que les parties intéressées n’auront pas honoré leurs engagements, sur tous les volets, tant qu’un retrait israélien du Golan et de tous les territoires arabes occupés n’aura pas été réalisé et tant qu’un Etat palestinien indépendant ayant pour capitale Al -Qods Acharif n’aura pas vu le jour.
Monsieur le Président,
Le comité Al -Qods, que j’ai l’honneur de présider a, dans ses dernières résolutions, mis en garde contre la gravité de la situation dans cette ville trois fois Sainte, qui doit redevenir ce lieu de rencontre et de cohabitation entre religions, civilisations et cultures, sans altération de sa structure démographique ou atteinte aux monuments cultuels.
Soyez assuré, Monsieur le Président, que je suis déterminé à poursuivre l’œuvre entamée par mon regretté père et que je suis entièrement disposé à joindre mes efforts aux vôtres pour activer la dynamique de paix enclenchée à Madrid en 1991, à favoriser la concertation et à défendre la légalité pour que tous les peuples de la région puissent enfin vivre dans la dignité, la stabilité et la concorde.
Monsieur le Président,
L’ancienneté et la solidité des liens qui nous unissent ainsi que les similitudes de vues que nous avons sur les questions de l’heure, feront que notre coopération ira en grandissant et que notre proximité se fera plus étroite autour d’un potentiel d’opportunités en expansion.
Au nom de la délégation qui m’accompagne, je tiens à vous exprimer ainsi qu’à Mme Clinton nos sincères remerciements pour tous les égards dont vous nous avez entouré depuis notre arrivée aux Etats-Unis et puis vous assurer que vous aurez en moi le fervent continuateur de cette amitié maroco-américaine que mes aïeux ont eu le génie d’initier et d’entretenir depuis la naissance de votre grand pays, auquel je souhaite davantage de bonheur et de prospérité avec la bénédiction divine.