Louange à Dieu
Que la prière et la paix soient sur le Prophète, sa Famille et ses Compagnons
Cher peuple,
Nous éprouvons des sentiments de grande joie mêlée d’émotion en nous adressant à toi en cette journée durant laquelle nous célébrons ensemble le premier anniversaire de notre accession au Trône de nos glorieux ancêtres, auxquels nous avons succédé dans l’exercice de la mission dont nous sommes dépositaire suivant la voie juste qu’ils nous ont tracée pour la conduite de tes affaires, pour promouvoir ta condition et rehausser ton rang.
C’est là une occasion précieuse pour réaffirmer notre fidélité mutuelle et renouveler le pacte sacré de la Bei’a qui nous a unis durant treize siècles de notre histoire glorieuse et que raffermit, de nos jours, un référentiel constitutionnel et démocratique renouvelé.
Tu célèbres cette fête avec un éclat particulier en raison de la signification profonde que tu as toujours donnée à cet événement qui incarne pour toi la symbiose entre les trois valeurs sacrées du Royaume : l’Islam, la Monarchie et la patrie.
Le Trône a pu, en effet, grâce à l’Islam et la Monarchie, faire converger vers le même creuset les diverses composantes civilisationnelles, culturelles, et géographiques de la nation pour en faire le socle de son unité. Cette symbiose entre toi et le Trône a fait du Maroc un bastion inexpugnable et lui a conféré la force et l’invulnérabilité qui lui ont permis de faire face à de grandes épreuves et aux crises les plus graves, de franchir les obstacles les plus difficiles, de négocier les virages les plus délicats de son histoire et de relever de grands défis. Le Maroc s’en est ainsi toujours sorti plus déterminé que jamais, plus confiant en ses capacités, plus solidaire et toujours fidèle à lui-même.
Nous en avons eu la preuve, comme en témoignera l’histoire contemporaine, lorsque Dieu a choisi de rappeler à lui notre vénéré père, Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu l’ait en Sa Sainte miséricorde. L’élan de cohésion dont tu as entouré son héritier au moment où il fut appelé à lui succéder pour te servir, a constitué le meilleur gage de fidélité à sa mémoire.
Grâce à cette fidélité réciproque et au renouvellement du pacte sincère qui nous unit, nous avons pu, ensemble, surmonter, dans la cohésion, l’épreuve endurée du fait de sa disparition. Par ces nobles symboles et ces riches enseignements, nous évoquons en fait sa mémoire vénérée qui, en se rappelant à notre souvenir, nous incite à revenir sur son règne prospère marqué par l’unification et l’édification de l’Etat moderne fondé sur les bases de la Monarchie constitutionnelle, démocratique et sociale.
Nous nous remémorons également le souvenir du héros de la libération, notre vénéré grand-père Sa Majesté Mohammed V, que Dieu l’ait en Sa Sainte miséricorde, car il a fait œuvre de pionnier en décidant de faire du jour de son accession au Trône une fête pour les retrouvailles entre le peuple valeureux et son Souverain, le dépositaire de sa souveraineté et le symbole de la lutte pour le recouvrement de son indépendance et de sa liberté.
Puisse Dieu les rétribuer amplement pour les grands sacrifices qu’ils ont consentis, les réalisations grandioses qu’ils ont accomplies et les fondations solides qu’ils ont jetées et que nous ne ferons que consolider, conformément à l’engagement pris de persévérer, avec foi et détermination, sur la voie éclairée qu’ils ont tracée.
Dès le début de notre règne, nous avons établi un contact direct avec toi et choisi de nous enquérir sur le terrain, et dans différentes régions, de la condition de tes différentes catégories, en particulier celle des démunis. Dès le départ, nous avons également lancé le chantier de l’édification d’une société moderne fondée sur l’Etat de droit, la rénovation de celui-ci, la rationalisation et la modernisation des méthodes de son administration, la réhabilitation de la notion de solidarité sociale et spatiale, la dynamisation du rôle de la société civile, la promotion du développement économique, l’encouragement des investissements publics et privés et un décollage économique global plaçant au centre de ses priorités l’emploi des jeunes, la promotion du monde rural, des catégories sociales et des régions démunies, la qualification des ressources humaines, la défense de l’unité territoriale et la capitalisation, grâce à un élan et des mécanismes nouveaux, du patrimoine précieux que constitue le rayonnement international du Maroc.
Il nous est agréable, à l’occasion de cet anniversaire hautement symbolique, de te faire part, cher peuple, de nos vifs remerciements et de notre grande fierté pour les sentiments de sincère fidélité et de fervent loyalisme que tu n’as cessé d’exprimer, dans un élan de cohésion spontané autour de notre Majesté, traduisant ainsi ton adhésion en bloc autour de notre Trône avec foi dans les objectifs que nous avons tracés.
Nous avons appelé à redoubler d’efforts pour galvaniser les énergies, à rénover les conceptions et les méthodes, à élargir les perspectives, pour t’habiliter à aborder le troisième millénaire, plus attaché que jamais aux valeurs sacrées, plus respectueux des engagements, et le mieux aguerri possible pour pouvoir t’inscrire dans la marche du siècle en y prenant une part active, mû par le rang digne que te confèrent ton histoire glorieuse, ton présent prometteur et ton avenir radieux, conforté par ton authenticité avérée mais toujours entretenue et nourrie par une modernité raisonnée.
Cher peuple,
Suivant cette voie juste, nous nous sommes mis à l’œuvre, avec l’aide et le soutien de Dieu, accordant le plus grand intérêt à la consolidation de l’Etat de droit. Nous avons ainsi prôné un nouveau concept de l’autorité pour en faire l’instrument qui veille sur le service public, gère les affaires locales, préserve la sécurité et la stabilité, protège les libertés individuelles et collectives, ouvert sur les citoyens et en contact permanent avec eux pour traiter leurs problèmes sur le terrain en les y associant. Il s’agit d’un concept global et cohérent, d’un tout indivisible et d’un ensemble dont les éléments sont indissociables. En effet, il n’y a point de liberté sans la sécurité et la stabilité, ni de développement sans paix sociale, ni de démocratie locale sans contact quotidien avec le citoyen et sans sa participation.
Nous insistons également sur le fait que ce concept ne se limite pas à l’administration territoriale, mais s’étend à tout détenteur d’autorité, puisqu’il a pour noble objectif de réconcilier le citoyen avec l’autorité et l’administration, de préserver la dignité et de promouvoir l’investissement.
Nous avons tenu à mettre en pratique ce concept en opérant un vaste mouvement touchant les différents appareils de l’administration, particulièrement au niveau de l’administration territoriale et centrale, les agents d’autorité à l’échelon régional et provincial ainsi que le secteur de l’information et de la communication, dans le but de tirer profit de nouvelles compétences qui doivent s’imprégner parfaitement de la noble philosophie de ce nouveau concept. En même temps, une vaste opération de contrôle, d’audit, d’inspection et de sanctions a été lancée, dans le cadre de la légalité et de la suprématie de la loi, au niveau des Collectivités locales et des établissements publics.
Pour traduire ce concept dans la réalité, nous avons veillé à l’élaboration d’un ensemble de textes novateurs à travers lesquels nous avons procédé à une refonte radicale du code électoral et de la charte des Collectivités locales, provinciales régionales.
Nous aurons prochainement l’occasion, cher peuple, de t’annoncer la bonne nouvelle en te livrant les grandes lignes de cette grande avancée démocratique par laquelle nous visons à accélérer l’enracinement de la décentralisation et de la déconcentration. L’objectif poursuivi est de doter notre pays de conseils communaux, provinciaux et régionaux issus d’un découpage rationnel et qui se caractérisent par une composition démocratique, une gestion transparente et saine et disposent un haut degré d’autonomie administrative et financière. Ils pourraient ainsi prendre en charge le processus de développement économique et social, non pas dans la dépendance vis-à-vis de l’Etat, mais en partenariat avec lui et avec le secteur privé et la société civile, à travers une élite crédible, compétente et intègre, et à la faveur d’un processus électoral démocratique entouré de toutes les garanties juridiques qui seront le gage de sa liberté, de sa pluralité et de son efficience.
Nous attendons, dans le même sens, de notre gouvernement de consolider l’Etat de droit en donnant une forte impulsion à la réforme de l’administration et de la justice et de veiller constamment à la moralisation de la vie publique et à la promotion de la culture du service public. Nous continuerons, pour notre part, à veiller sur la concrétisation de ce concept, dont nous avons déjà entamé la mise en œuvre, mais qui requiert encore des efforts soutenus et patients avant de le consacrer en tant que texte moderne, culture enracinée, comportement quotidien et réflexe spontané.
Toujours au volet de la consolidation de l’Etat de droit, nous avons accordé un intérêt particulier aux droits de l’Homme et créé une instance indépendante d’arbitrage, aux côtés du Conseil consultatif des droits de l’Homme, chargée de l’indemnisation des victimes, veillant à ce qu’elle réponde, dans un esprit d’ouverture, sur toutes les sensibilités et en toute équité, à toutes les revendications et demandes légitimes. Nous avons également donné nos Hautes instructions pour que tout soit mis en œuvre afin de fournir toutes les formes d’assistance médicale et sociale, et d’aider à la réhabilitation et à la réinsertion des ayants droit. Nous sommes pleinement conscients de l’extrême importance du dédommagement moral et humanitaire pour clore définitivement ce dossier, notre objectif étant de panser les blessures et d’ouvrir une nouvelle page permettant de focaliser toutes les énergies sur l’édification d’un Maroc démocratique, moderne et fort, capable d’affronter les véritables problèmes de ses générations montantes.
Dans la logique de cette démarche visant la démocratisation et la rationalisation du processus de modernisation globale de nos institutions, nous avons décidé de revoir le dahir régissant le conseil consultatif des droits de l’Homme. Nous avons également donné nos Hautes orientations pour ce qui a trait aux nouvelles et nobles tâches que nous attendons de ce conseil d’accomplir en cette première décennie du XXIème siècle, avec le même mérite dont il a fait preuve durant la décennie qui s’achève. Nous allons veiller à cet effet à renouveler sa composition, à revoir ses attributions et ses méthodes de travail, d’autant que les organismes internationaux spécialisés en matière de droits de l’Homme aspirent à en faire un modèle du genre.